2020 touche à sa fin sans que j'ai vraiment réalisé que cette année soit vraiment finie
Je le réalise intellectuellement, mais nullement dans mon corps car quelque part entre le 17 mars et aujourd'hui mon compteur de temps s'est égaré
Cela entraine chez moi beaucoup de questionnements silencieux dont je cherche encore de ci, de là les réponses
J'ai besoin de comprendre et de donner du sens à ce que je vis, sens dans le sens de valeurs, mais aussi de direction
Or plus que jamais, on ne peut que constater qu'on est dans l'incertitude et l'absence de direction
Reste alors à ce que chacun, à titre personnel, puisse donner sens - valeur
Pour donner sens, il faut comprendre ce qui se passe, comment cela se passe et réaliser ce qui cela implique en nous
Et donc comprendre qui on est, d'où on vient et où on va
Les choix des gouvernements de chaque pays sont ce qu'ils sont et l'histoire dira qui aura fait le bon choix
Les choix individuels sont par contre nos marges de manoeuvre
Ce dont je suis sure est que, dans toute crise majeure, survivent ceux qui s'adaptent
Pour s'adapter, il faut accepter ce qui est vécu, qu'on le veuille ou non
Puis comprendre ce qu'on peut garder, sauver, et comprendre ce qu'on doit abandonner d'hier ou des habitudes
A chacun ensuite de marcher nez au vent avec hardiesse, ou de plier tel le roseau pour se relever plus tard
Ce que je constate et dont on parle peu, c'est le changement progressif de ce qui fait lien social
Les règles changent dans la manière de voir l'autre, de le voir, de le percevoir, de le recevoir
Or nous sommes des humains qui avons bâti notre structure sur l'interactivité, une forme de nécessaire communauté humaine, car nous sommes de faible humains sans poils, défense ou carapace qui misons sur notre cerveau
C'est en amont de toute civilisation ou culture
Nous sommes en train de déconstruire cette interaction entre humains et cela va créer, ou crée déjà des failles qui vont s'ajouter à celles créées par les restrictions des gestes et habitudes, puis par les contraintes économiques
Je suis inquiète de cette déhumanisation qui s'installe à bas bruit, car elle ne touche pas des individus isolés qui vivent des épreuves ponctuelles aussi dures soient elle, car elle touche nos fondements même du rapport à l'autre et ébranle tout le monde en même temps
Toute épreuve change durablement les gens et je crois que la résilience, la renaissance ne peut venir que de l'histoire intime qu'on se raconte pour avancer quand même, ce Sens-valeur qu'on se donne
J'ai beau habiter avec le Cher et Tendre et les enfants, avoir un jardin, des animaux, un métier et voir de ce fait plein de monde, je vois combien j'ai changé
J'ai perdu ces rituels qui marquent le passage du temps qu'on perçoit physiquement
J'ai perdu mes habitudes, mes rituels à moi, qui rythmaient ma vie, travail, repos, loisirs, vacances etc
J'ai perdu mes contacts amicaux et familiaux, à de rares exceptions près, mais j'ai très certainement perdu ces grandes réunions qui faisaient la famille, la communauté, le groupe, un tout. Je suis devenue individualisée, faisant des gestes barrières à tout
J'ai tenu bon jusqu'à ce qu'il me faille faire une croix sur un Noël en famille, comme avant, après avoir fait une croix durant l'année sur la grande fête qu'aurait du être mon anniversaire
J'ai réalisé que je n'avais pas vu physiquement ma famille depuis 9 mois et que les renoncements allaient perdurer.
Aller encore plus loin dans le courage, l'abnégation ou le sacrifice, quand on avait déjà l'impression d'avoir donné ce qu'on pouvait à chaque étape ???
Alors j'ai dit stop à ce vague à l'âme qui a commencé à s'installer en parallèle d'une fatigue physique légitime
Il m'a semblé urgent de refaire du lien physique à autrui, tout en étant en sécurité réciproque
J'ai donc fait des séances de massage, ne gardant que le minimum sur moi ( le masque voyons ...)
J'ai toujours aimé les massages qui sont pour moi un moyen de me rappeler que je suis un tout, un corps qui porte les actions choisis par ma tête et qui me permet de vivre ce que dicte mon coeur. Je les fais quand je suis à bout physiquement
Me faire masser dans le contexte actuel, c'est me laisser de nouveau approcher par autrui qui n'est plus un danger potentiel ou que je peux contaminer, mais établir un rapport avec lui, qui soit un rapport d'échange, de bien être, c'est faire circuler des énergies.
Il m'a fallu 2 séances pour dénouer ce que 9 mois ont commencer à inscrire de cette déshumanisation et je retrouve l'envie mais aussi le besoin de communiquer de l'authentique et je retrouve le chemin de moi d'avant tout cela, cette pleine énergie que j'avais
Je vous parle de ma propre expérience qui parle de mon besoin à moi
Mais vous pouvez remplacer massage par Sport, Jardin, Coiffeur, Danse, Nature ou ce que vous voudrez qui puisse correspondre à ce que vous êtes, comment vous fonctionnez
Parce que je crois qu'il est temps qu'on songe à comment on peut continuer à se relier à l'autre, sans tomber dans une virtualisation du lien constante, pour rester humain
Je me lave très souvent les mains et du coup, maintenant, je touche aussi beaucoup les gens, à travers leurs vêtements, sur le bras ou dans le dos, pour qu'ils puissent de nouveau ressentir cette pression, cette chaleur, pour que à leur tour, ils prennent conscience de ce besoin de se rehumaniser, avant de me relaver les mains juste après
C'est un long message, mais je crois qu'il m'était nécessaire de le partager avec vous
Vous pouvez, si vous le souhaitez, partager dans les commentaires ce que vous avez perçu des changements survenus en vous du fait de ces 9 longs mois et de ce que vous avez commencé à modifier ( en bien ou en mal)
Pour finir, une petite photo d'hier qui montre l'autre changement majeur de ma vie de ces 2 dernières années, et dont je vous parlerai plus longuement dans les jours ou semaines à venir
Mais le prochain post sera pour du tricot
Prenez soin de vous, dedans et dehors