Voici l'histoire d'un ouvrage tricoté durant le confinement et que je voulais poster juste avant ou pour le confinement
Mais la reprise du travail, intense, m'a pris tout mon temps
Je profite d'un jour pluvieux pour vous la raconter enfin et différemment du coup
Il était une fois, un petit coq que sa créatrice avait appelé Foggy Rooster, soit Foggy le coq, ce qui veut dire le coq brumeux
Partir avec un tel handicap dans la vie, c'est dur
Ce pauvre Brumeux, n'avais pas été gâté par la nature non plus : de 20 cm de haut, crête comprise, il ne faisait guère le poids - ni la taille - face aux autres coqs. Il avant cependant des pattes -et des ergots- de la même taille qu'eux, tenant fièrement debout quand même face au sort
C'est ce courage intérieur, qui devant l'adversité, le poussa un jour à faire son maigre bagage et à tenter l'aventure
Il n'avait pour lui que son espérance de jours meilleurs et une pauvre salopette de travail (attention, en Physalis quand même !) qu'il entretenait soigneusement, la rapiéçant autant de fois que nécessaire ( deux fois, j'ai compté) parce que attention, c'est de la Physalis de Graine de Laine, quand même !
Tournant le dos à son passé ( et au photographe par la même occasion), il sortit affronter la vie
La vie de dehors d'alors, durant le confinement, c'était peut être la mort
Mais n'est ce pas subir une mort lente que de rester comme on a été, plutôt que d'aller vers ce qu'on pourrait être, en Etant ce qu'on est alors ?
phrase de Maître Tortue, sage d'entre les sages
Marche par marche, vu sa taille, il eut fallu dire montagne par montagne, Brumeux quitta le monde carrelé et s'enfonça dans les herbes hautes
Sans direction claire, Brumeux hésitait
A gauche ? A droite ?
Quel serait son chemin ?
Quel serait son destin ?
Il médite aussi cette phrase d'un autre penseur :
"Aucun chemin ne mêne au bonheur, le bonheur est le chemin"
Brumeux alors continue, se délestant de questionnements sans réponse immédiate, posant une patte devant l'autre, prenant chaque jour comme il vient, heureux de vivre, heureux de n'être plus malheureux tout simplement
Et chemin faisant, faisant confiance à la vie, il savoure la joie du jour qui passe, celle de sentir le vent ébouriffer ses plumes, le soleil qui les dore, sentir aussi la faim, la soif, la fatigue, comme des signes que son corps est avec lui, le soutien
Et la vie, répondant à son appel lui fit signe par l'entremise d'un peu d'eau
Hum, qu'elle est fraiche cette eau de pluie, tombée littéralement du ciel
Ses pas, semblent l'avoir mené, ailleurs, après une lutte intérieure contre ses peurs, la solitude, l'incertitude et le désolement, une lutte contre cet ennemi intérieur qui n'est autre que lui même, qui avance souvent masqué avec d'autres noms Coronamachin, Confinementeur, MasqueoupasMasque, HydroxyChloroj'sais plus, ennemi qui l'empêche de continuer à se fuir pour enfin voir qui il est
Voyage initiatique au coeur de lui même, là où d'autres ont du renoncer à voyager physiquement pour habiter leur vie, leur quotidien pour l'aimer ou le détester
Bref, après tout ce tralala, Brumeux peut se reposer et poser son sac
Hummm, que la paille est douce ( bon elle pique un peu, mais on ne fait pas le douillet et puis une salopette en Physalis, cela limite les inconvénients de la paille)
Brumeux pique un somme
Se réveillant, Brumeux part explore les alentours et entend du bruit
Il se rapproche, observe et s'en va sous le pommier, ramasse un bourgeon fleuri et ...
Héhé, c'est que la poule rousse, nommée Nuggets par son éleveur, pas gâtée non plus par la vie se questionnait elle aussi
Nuggets quand on s'appelle une poule, est ce là un signe que nous sommes soumis aux lois du destin ? sommes nous prédestinés ? avons nous le droit de le changer ? notre nom détermine t il qui nous sommes et notre comportement ? Influence t ils le regard et le comportement des autres vis à vis de nous mêle ou est-ce notre comportement propre qui le détermine ?
Sommes nous des Sisyphes en puissance, condamnés à pousser ce rocher en haut de la montagne avant qu'elle ne dévale, libre seulement à la fin d'une tache toujours recommencée ?
C'est alors que Brumeux lui expliqua que selon le sage Sartre, il fallait imaginer Sisyphe heureux, heureux de se lever, de faire, libre dans sa tête, dans ses choix de faire ment ce qui lui est imposé
Nuggets l'écouta et c'est ainsi que Brumeux pu quelques temps après poster une photo sur Instagram #JesuisSisyphe, #avecWilliamShellerJesuismoiaussiheureux
Ainsi se termine mon histoire, sans mariage ni plein d'enfants, juste des poussins
Et Brumeux n'oublia pas non plus de continuer à fleurir sa Nugget's
Pour ceux qui voudraient tricoter leur propre Brumeux, voici le modèle
J'ai utilisé de la Myriade de Phildar, une laine poilue qui ne se fait plus, la même que celle d'Antoine le Tigre, moins de 50g / 96m
La salopette a nécessité 23g de Physalis coloris Pétale de Coquelicot, soit 58m
Les pattes, le bec la crête, la queue sont fait avec des bouts de fils, globalement moins de 10g
En aiguille 3mm, cela donne un coq petit. Je suppose qu'en tricotant avec une laine plus épaisse et des aiguilles en 5 cela donne un doudou d'enfant plus correct
Il est tricoté en morceaux à assembler et j'ai autant que j'ai pu tricoté en rond
Le modèle est en anglais et je n'ai pas fait de making off, pas de photos d'étapes
A bientôt pour d'autres ouvrages laineux plus classiques, le bestiaire tricoté faisant une pause méritée